Interview : Christiane Lambert, présidente de la FNSEA
17 mars 20226ème édition du Forum des Opportunités
10 mai 2022La guerre Russie – Ukraine a pour conséquence économique immédiate une tension accrue sur les marchés et une nouvelle flambée des prix des matières premières, de l’énergie, des engrais. Celles ci accentuent des difficultés déjà existantes et pourront perturber les filières et les marchés agricoles sur le long terme.
Une urgence : la trésorerie des exploitations
Du fait de ce conflit, la trésorerie des exploitations est évidemment très durement affectée, d’autant plus que les hausses de charges s’inscrivent dans la durée. Des compensations urgentes doivent donc être mises en œuvre pour maintenir le potentiel de production de la Ferme France.
La FNSEA demande notamment l’instauration d’un « chèque alimentation animale, énergie, engrais » pour faire face à la hausse du coût des intrants. Le ministère de l’Agriculture doit également mobiliser les banques au niveau national, pour que l’ensemble des outils disponibles, dont les prêts garantis par l’État (PGE) puissent être mobilisés. Aujourd’hui l’accès aux PGE est prorogé jusqu’au 30 juin 2022. Il faut prolonger le différé de 5 ans, de 8 à 10 ans selon les besoins.
La FNSEA demande aussi le déclenchement de clauses de renégociation dans les contrats qui viennent d’être signés pour intégrer les hausses de charges liées à la guerre.
Enfin, la FNSEA réitère sa demande de mettre en place le « chèque alimentaire » pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages les plus précaires.
Renforcer la résilience au niveau européen
Afin de renforcer l’autonomie alimentaire et énergétique européenne et soutenir les demandes mondiales d’autres pays en nourriture, la FNSEA demande :
- des dérogations sur les SIE et les jachères dès 2022 ;
- une réflexion pour reconstituer des stocks stratégiques pour certains intrants, comme l’alimentation animale. Un mécanisme européen de préparation et de réaction aux crises de sécurité alimentaire a d’ailleurs été mis en place, ainsi qu’un groupe de travail sur la filière porcine et la volaille ;
- la suppression des taxes antidumping et tarifs douaniers sur les engrais
Renforcer la résilience française
La FNSEA appelle également à augmenter la résilience de l’agriculture à l’échelle française.
Elle appelle donc à suspendre la modification des règles de stockage des ammonitrates qui devait soumettre au régime des ICPE des installations qui n’en relevaient pas jusqu’à présent.
Concernant les tensions en approvisionnement en GNR, en engrais ou en gaz, le syndicat rappelle que les tensions sont liées, pour l’instant, à des commandes en forte croissance face aux inquiétudes, qu’à des ruptures d’approvisionnement face aux besoins.
Pour la FNSEA : « si cette situation dure, il est essentiel de faire de l’agriculture un secteur prioritaire ». Pour accompagner les agriculteurs qui auraient des difficultés économiques, la FNSEA a demandé l’avancée du début de la campagne de remboursement de la TICPE sur les consommations 2021 et le versement d’acomptes sur la TICPE acquittée sur les consommations 2022.
Le syndicalisme majoritaire appelle également à accélérer le développement de la production d’énergies renouvelables dont celle de biogaz en levant les verrous réglementaires à la production pour les installations existantes.